L’économie suisse traverse une phase d’essor. Le PIB atteindra cette année un taux de croissance relativement élevé (2,5%), et le KOF prévoit aussi un développement économique plutôt favorable en 2019 (1,8%).

A vrai dire, une partie de cette croissance est imputable aux droits de licence liés aux manifestations sportives, qui ont peu à voir avec l’évolution proprement dite de l’économie suisse. L’évolution du marché de l’emploi est réjouissante : le taux de chômage diminuera légèrement. L’inflation se retrouvera lentement dans le positif.

Contexte international

L’année écoulée peut être considérée comme étant une réussite pour l’économie mondiale, même si l’essor a perdu quelque peu de sa dynamique en fin d’année. Le commerce mondial a affiché une forte croissance de 4,5%, après une période de cinq ans durant lesquels elle avait avoisiné les 2%. Les prix des sources d’énergie et autres matières premières ont augmenté au cours de l’année, sans fortement affecter les prix à la consommation. Pour l’année en cours, il est à prévoir que la banque centrale américaine (Fed) relèvera ses taux à un niveau identique que celui de l’an dernier. La Banque centrale européenne (BCE) devrait ramener à zéro les rachats nets d’emprunts, mais ne devrait procéder que l’an prochain à un premier relèvement de ses taux d’intérêt. Le KOF prévoit donc que la forte dynamique de l’économie mondiale déclinera progressivement durant la période de prévision.

Évolution de la conjoncture suisse

L’économie suisse connaît actuellement une évolution très réjouissante. Tant les secteurs axés sur l’étranger que ceux tournés vers le marché intérieur affichent une forte croissance. Le KOF considère que les principaux facteurs de cette évolution positive sont l’amélioration de la situation économique des partenaires commerciaux les plus importants ainsi que l’affaiblissement du franc suisse par rapport à l’euro. L’affaiblissement du franc a surtout eu pour conséquence que les entreprises exportatrices ont pu accroître leurs marges. Le KOF prévoit pour 2018 un taux de croissance plus élevé du produit intérieur brut (PIB) (2,5%) qu’il ne le prévoyait en décembre 2017. Une partie de cette hausse n’a toutefois que peu de rapport avec l’évolution conjoncturelle proprement dite, et est davantage imputable au fait que la Suisse est le site de fédérations sportives internationales importantes (CIO, FIFA etc.). Une part substantielle des droits (de licence) provenant de grandes manifestations internationales, telles que les Jeux olympiques en Corée du Sud, est intégrée dans le PIB suisse. Le KOF estime à environ 0,3% du PIB la valeur ajoutée supplémentaire qui en découle. Comme aucune grande manifestation n’est prévue l’an prochain, la croissance économique s’avérera également plus faible. En valeur corrigée des effets des manifestations sportives, le taux de croissance prévue du PIB en 2019 ne sera toutefois guère plus bas que celui de cette année.

Il n’est pas complètement étonnant, en raison de cet effet spécial, que le nombre des actifs ait relativement peu augmenté et que le taux de chômage conformément à l’Organisation internationale du travail (2018 : 4,6%) diminue un peu plus lentement que ne le suggère la progression du PIB. Il n’en résultera aucune pression notable sur les salaires et les incidences sur le coût de la main-d’œuvre resteront modérées. L’affaiblissement du taux de change du franc suisse par rapport à l’euro et la légère hausse du prix du pétrole devraient toutefois avoir pour effet que le taux d’inflation augmentera cette année de 0,7%. Il devrait toutefois se maintenir à ce bas niveau et même diminuer quelque peu par la suite. De ce point de vue, il ne sera pas nécessaire d’adopter une politique monétaire plus restrictive. Dans la situation actuelle, le KOF prévoit que la Banque nationale suisse (BNS) reproduira la politique de taux d’intérêt de la BCE, afin de maintenir le différentiel d’intérêt habituel par rapport aux placements en euros.

Les investissements d’équipement connaîtront, cette année, une croissance robuste, de même que les investissements de construction. Concernant ces derniers, un développement plus faible est toutefois à prévoir l’an prochain. La hausse des taux d’intérêt devrait avoir une incidence négative sur les investissements de construction. L’économie suisse d’exportation traverse actuellement une phase d’expansion et devrait y rester encore quelque temps. De même, la demande en importations devrait demeurer soutenue au cours des mois à venir.

La politique américaine, un facteur d’incertitude

Le gouvernement américain du président Donald Trump constitue actuellement un facteur d’incertitude concernant l’évolution conjoncturelle, en raison de sa politique commerciale et fiscale. Certes, les surtaxes décidées jusqu’à présent sur les importations d’acier et d’aluminium ne devraient pas avoir d’incidences majeures directes sur l’Europe, car les États-Unis importent relativement peu de métaux bruts d’Europe. À court terme, cependant, l’Europe devrait être nettement plus affectée que les États-Unis par une extension du conflit commercial, car la conjoncture européenne actuelle est fortement soutenue par les exportations. De même, la récente dynamique d’investissement pourrait être compromise si les perspectives d’exportation accusaient une forte dégradation.

Autre facteur d’incertitude : les répercussions difficiles à évaluer de la réforme fiscale récemment décidée. À court terme, elle devrait stimuler la consommation privée locale et les activités d’investissement. Le surcroît de demande bénéficiera aussi aux entreprises européennes sous la forme d’un accroissement des exportations, pour autant qu’aucune nouvelle restriction des importations ne survienne. Comme l’économie américaine présente déjà un taux élevé d’utilisation des capacités, les impulsions de la réforme fiscale sur l’économie réelle ne cesseront de décroître durant la période de prévision, tandis que la pression s’accroîtra sur les prix à la consommation et les prix des actifs. La probabilité augmentera donc que la Fed relève ses taux d’intérêt plus vite que prévu. Une correction inattendue de la politique des taux d’intérêt comporte un risque de distorsions sur les marchés internationaux des capitaux et des devises et des répercussions considérables, peut-être négatives, sur la conjoncture mondiale.

La réforme fiscale américaine augmente l’attrait des États-Unis pour les investissements directs supplémentaires de l’étranger. En même temps, les pays à fiscalité élevée comme l’Allemagne et la France deviendront relativement moins attrayants pour des investissements directs, en raison de l’exonération des bénéfices des filiales étrangères aux États-Unis, par rapport à des pays à faible fiscalité comme l’Irlande, par exemple. À moyen terme, il en résultera donc des pertes pour les pays à fiscalité élevée, si ceux-ci ne soutiennent pas la concurrence fiscale initiée par les États-Unis et s’ils ne procèdent pas, de leur côté, à des ajustements fiscaux.

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