Prévisions conjoncturelles du KOF, hiver 2016/2017 : lent redressement et incertitudes persistantes

Les impulsions à la croissance restent faibles pour l’économie suisse. La consommation privée connaît un développement modéré et l’économie d’exportation n’a pas retrouvé sa vigueur d’antan. Le produit intérieur brut affichera en 2017 un accroissement modéré de 1,6%.

L’emploi enregistre également un faible développement. Mais comme l’immigration diminue, le taux de chômage stagnera aux alentours de 3,3% selon le SECO. Le renchérissement sera de nouveau légèrement positif.

Contexte international

La conjoncture mondiale a connu une petite accélération au troisième trimestre de 2016. Les États-Unis ont affiché une expansion supérieure à la moyenne grâce à une forte contribution du commerce extérieur par rapport aux trimestres précédents, des effets spécifiques jouant toutefois aussi un rôle important. L’économie européenne a poursuivi sa lente relance. Grâce à des stimulations fiscales, la Chine est parvenue à préserver sa dynamique conjoncturelle. Concernant le quatrième trimestre 2016, le KOF prévoit, pour l’économie mondiale, une dynamique conjoncturelle un peu plus faible que précédemment. Toutes les régions importantes du globe devraient fournir des contributions moindres à l’expansion ; seuls les pays en crise que sont le Brésil et la Russie poursuivront probablement leur redressement progressif. La dynamique de l’économie mondiale devrait s’accroître quelque peu durant les trimestres suivants.

L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis influence les perspectives de la conjoncture mondiale : elle accroît en premier lieu l’incertitude des prévisions. Nul ne sait en effet à l’heure actuelle dans quelle mesure Donald Trump pourra et voudra tenir ses promesses électorales – impulsions fiscales par des programmes infrastructurels et des baisses d’impôts, ainsi que regain de protectionnisme. Le KOF n’émet aucune prévision concernant la politique des États-Unis. Il tient cependant compte de l’évolution de la situation, en intégrant certaines mesures fiscales dans ses hypothèses. Ces mesures fiscales n’accroîtront certes directement que dans une faible mesure la demande en importations des États-Unis, mais il en résulte toutefois certains effets sur la conjoncture mondiale par le biais du taux de change : les impulsions fiscales accentueront la pression sur les prix aux États-Unis à partir de 2018, la banque centrale américaine (Fed) laissera donc les taux d’intérêt augmenter un peu plus fortement qu’on ne le supposait jusqu’à présent. En outre, le KOF estime que l’orientation protectionniste du nouveau gouvernement américain exercera un frein sur l’intégration commerciale internationale. Selon le KOF, les effets modérateurs sur le commerce mondial ne seront toutefois visibles qu’à moyen et à long terme. A part cela, le commerce mondial ne devrait afficher qu’une expansion relativement faible durant la période de prévision.

Un risque de fléchissement de la conjoncture européenne est actuellement lié à l’Italie. De nouvelles élections et le référendum annoncé par l’opposition au sujet du maintien dans la zone euro pourraient plonger les investisseurs dans l’incertitude. De même, le scénario extrême d’une crise affectant le secteur bancaire et les dettes publiques ne peut être exclu.

Conjoncture suisse

En 2016, l’activité économique s’est peu à peu normalisée en Suisse. La production s’est accrue, mais les prix sont demeurés régressifs jusqu’à la fin de l’année, en raison de l’appréciation monétaire de 2015 et du bas niveau du prix du pétrole. La forte appréciation du franc a également accru la nécessité d’un accroissement de la productivité, ce qui a entraîné une stagnation de l’emploi des ressources depuis le début de 2015. Les hausses de salaires se sont avérées faibles durant cette période, mais les baisses de prix ont augmenté leur pouvoir d’achat moyen.

La phase de déflation touche à sa fin

Suite à la récente hausse du prix du pétrole brut, la phase de recul des prix devrait globalement s’achever. La hausse des prix à la consommation demeurera toutefois modeste selon les prévisions du KOF (2016 : -0,4%, 2017 : 0,3%) et permettra donc le maintien d’une politique monétaire souple de la part de la Banque nationale suisse (BNS). Durant les derniers mois, le franc s’est légèrement apprécié par rapport à l’euro. Le KOF a donc révisé l’hypothèse technique actuelle de 1,10 à 1,08 concernant l’euro et maintenu le taux de change à ce niveau pour l’ensemble de la période de prévision.

Faibles investissements

Malgré la forte liquidité, les investissements productifs sont plutôt faibles en Suisse et ils le resteront dans un proche avenir. Les investissements en avions et en matériel ferroviaire, qui prédominaient déjà dans les prévisions antérieures du KOF, continueront d’en constituer les principaux piliers. Le KOF n’escompte guère d’impulsions de la part des investissements de construction (2017 : 0,9%). L’activité de construction est déjà à un niveau élevé et l’augmentation des investissements liés aux infrastructures de transport ne se fera sans doute sentir qu’à partir de 2018. La construction de logements est parvenue à un niveau non durable, l’accroissement du parc immobilier étant actuellement quelque peu supérieur à celui du nombre des ménages. Le KOF ne prévoit donc aucune augmentation notable de la production de logements durant la période de prévision.

Poursuite de la mutation structurelle

L’importance de l’industrie a décliné depuis la crise financière, alors qu’elle progressait davantage que le reste de l’économie auparavant – à l’époque du franc faible – tant sur le plan de l’emploi que de la valeur ajoutée. À l’heure actuelle, l’industrie de transformation représente une part d’environ 18% de la valeur ajoutée. D’après les dernières prévisions du KOF, cette part continuera à diminuer ; seule l’industrie pharmaceutique continuera de gagner en importance. L’hôtellerie souffre, tout comme l’industrie, du taux de change défavorable et devrait continuer à accuser des pertes. La mutation structurelle forcée devrait se poursuivre, ce qui se traduira par une augmentation des services personnels et aux entreprises. Les prestations financières afficheront une croissance inférieure à la moyenne et l’importance du bâtiment décroîtra également.

Compte tenu d’un contexte encore difficile pour l’industrie suisse, le KOF prévoit, pour les prochains trimestres, une évolution plutôt stable des exportations de marchandises. Il prévoit néanmoins un accroissement des exportations de services. Globalement, les exportations progresseront de 2,2% en 2017 et de 3% en 2018, selon les prévisions actuelles. En ce qui concerne les importations, le KOF table sur une croissance en hausse, en particulier au niveau des consommations intermédiaires.

Ralentissement de l’immigration

La mise en application législative de l’article constitutionnel, approuvé en 2014, sur la limitation de l’immigration semble atténuée. À vrai dire, l’affaiblissement de l’activité économique et le besoin d’accroître la productivité réduiront davantage l’immigration économique dans les années à venir que par le passé. Le KOF prévoit, par conséquent, une augmentation modérée de l’emploi (en équivalent plein temps, 0,4% en 2017 et en 2018) et n’escompte aucune modification notable du taux de chômage. Le taux de chômage conforme à l’Organisation internationale du travail (OIT) devrait être de 4,6% en moyenne en 2017 ; le taux des chômeurs inscrits selon le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) devrait se situer à 3,3%. L’évolution des salaires sera modérée et limitera par conséquent l’accroissement de la consommation privée (2017 : 0,9%).

Une fin de la phase des taux d’intérêt peu élevés n’est pas en vue

Étant donné la faible évolution des prix et la pression à l’appréciation monétaire, le KOF ne prévoit aucun changement des taux d’intérêt à court terme durant la période de prévision. Ils resteront donc nettement négatifs. Les taux d’intérêt à long terme seront toutefois bientôt à nouveau positifs et augmenteront à un rythme extrêmement lent. Fin 2018, le rendement des obligations fédérales à 10 ans devrait être de 0,25%.

Dans ce contexte, le KOF prévoit une croissance du PIB suisse de 1,6% en 2017 et de 1,9% en 2018.

Contact

Yngve Abrahamsen
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