Prévisions conjoncturelles du KOF, automne 2016: Retour à une croissance modérée

L’économie suisse sort lentement d’une longue phase d’austérité. La nouvelle relance de l’économie mondiale s’accompagne d’un lent regain de demande en biens et services suisses. La conjoncture retrouve un rythme de croissance modéré, avec une augmentation du PIB de 1,6% cette année et de 1,8% en 2017. Il devrait en résulter une lente reprise sur le marché de l’emploi.

Le renchérissement sera de nouveau positif en 2017, mais sa progression ne sera que très minime. La consommation privée affichera une croissance vigoureuse, sans pour autant bénéficier d’un net essor supplémentaire.

Contexte internationale

A l’instar des mois précédents, l’économie mondiale continuera d’afficher une expansion modérée. Les principales contributions à la croissance viendront des pays émergents. Cependant, en Chine, les taux de croissance s’amoindrissent peu à peu par suite de la mutation structurelle, alors que l’essor économique de l’Inde devrait rester constant. Si l’évolution politique et le prix des matières premières demeurent stables, des contributions positives pourraient de nouveau venir de la Russie et du Brésil.

Concernant ses prévisions conjoncturelles, le KOF estime qu’en raison de la sortie de l’UE souhaitée par le Royaume-Uni, il ne faut pas prévoir de fortes turbulences ni à court ni à moyen terme, et que l’économie britannique restera soutenue par une politique fiscale et monétaire un peu plus expansive, si bien que l’affaiblissement de la performance économique restera limité. L’impact sur la zone euro sera ainsi également faible. Le lent redressement de la zone euro se poursuivra par conséquent.

Conjoncture suisse

Après une année 2015 marquée par l’abandon du taux de change plancher, les conditions générales s’améliorent à vue d’œil pour l’économie suisse. Cependant, les chiffres officiels de l’Office fédéral de la statistique (OFS) relatifs à l’évolution sectorielle de l’an dernier montrent que l’industrie a été nettement plus affectée par l’appréciation du franc suisse qu’on ne le pensait jusqu’à présent. Il faut corriger l’impression que l’industrie avait pu accroître son volume de production tout en s’accommodant de lourdes pertes de marges. Les chiffres officiels indiquent que les reculs de prix étaient nettement moindres que lors des premières estimations. Selon les informations de l’OFS, la production industrielle a décru de 0,9% et a ainsi contribué à -0,2% à la croissance du PIB. Ce sont cependant les banques qui ont accusé le plus fort recul (-9%), fournissant une contribution négative de 0,5 point de pourcentage. Ainsi, les entreprises de Suisse restent sous pression, pour optimiser leurs processus et les rendre plus efficients.

Lente reprise sur le marché de l’emploi

La situation sur le marché suisse de l’emploi a été marquée cette année par les retombées du fléchissement conjoncturel de l’an dernier. La forte croissance de l’emploi des dernières années n’a pas pu à nouveau se confirmer au cours des derniers trimestres. Il en a résulté une hausse du chômage. L’immigration s’est également avérée plus faible au cours des premiers trimestres de cette année.

Certes, le marché de l’emploi se redressera lentement durant le second semestre et l’année à venir. Mais le développement hésitant du commerce extérieur, un climat de consommation morose et des problèmes structurels dans certains secteurs – faible rentabilité dans certains secteurs industriels et dans le secteur bancaire – pèsent sur l’évolution de l’emploi. En raison du lent développement de l’emploi durant la période de prévision, le chômage ne sera guère résorbé. En valeur désaisonnalisée, le taux de chômage selon le SECO devrait s’élever à 3,3% cette année pour atteindre 3,4% en 2017 et 2018. Le taux de chômage selon l’Organisation internationale du travail (OIT) avoisinera chaque année 4,6% jusqu’à fin2018.

Morosité chez les consommateurs

La croissance des dépenses de consommation devrait rester modeste durant les prochains trimestres, car le scepticisme persiste dans les ménages. Globalement, le revenu disponible réel devrait progresser de 1,3% cette année, alors que l’emploi en équivalent plein temps devrait stagner. La consommation privée progressera de 1% en 2016.

La légère amélioration de l’emploi durant la période de prévision s’accompagnera d’une évolution plus favorable des revenus durant les deux années à venir. Néanmoins, les dépenses de consommation privée ne progresseront que de 1,2% en 2017, ce qui fera augmenter la quote-part d’épargne. En 2018, le revenu réel disponible progressera dans une mesure légèrement moindre, notamment en raison d’une augmentation du taux d’absorption et d’une lente remontée des prix. La consommation privée progressera donc de 1,1% en 2018.

Depuis le début de 2015, l’évolution des prix a été nettement marquée par l’adaptation à la nouvelle réalité du change. Le renchérissement en variation annuelle, mesuré d’après l’indice des prix à la consommation, ne se situait plus que tout juste dans le négatif au mois d’août. Y a contribué la stabilisation du prix du pétrole sous la barre des 50 dollars au cours des derniers mois. Ainsi, les prévisions concernant le renchérissement en 2016 demeurent inchangées (-0,4 %). Étant donné le faible développement attendu des salaires nominaux et une évolution des loyers inférieure à la moyenne, la pression inflationniste restera faible. Le KOF prévoit un renchérissement annuel minime de 0,2 % en 2017 et une inflation légèrement supérieure (0,3 %) en 2018.

Redressement des investissements de construction, dynamique des investissements d’équipement marquée par des facteurs spéciaux

La tendance actuelle à l’investissement dans le secteur privé est modérée. Le KOF mise sur une stagnation dans le secteur du bâtiment en 2016. Cependant, les conditions de financement restent séduisantes et le contexte économique ne cesse de s’améliorer. Étant donné ces données  de base, ainsi que des investissements élevés dans la construction d’hôpitaux et les projets infrastructurels, le secteur se redressera l’an prochain pour atteindre une croissance de 1,2% en 2017 et 2.2% en 2018.

Les investissements d’équipement seront marqués prochainement par la livraison de trains et d’avions commandés depuis longtemps. Avec la disparition de ces effets spéciaux, les investissements d’équipement diminueront de 0,4% en 2017 pour ne se redresser ensuite à nouveau qu’en 2018 (3%).

Commerce extérieur : croissance des exportations grâce à l’industrie pharmaceutique

L’économie suisse d’exportation semble avoir digéré à première vue le choc monétaire de l’an dernier au vu de la croissance vigoureuse observée au premier semestre de 2016. Cependant, la croissance des exportations des derniers trimestres s’est avérée très inégale : cette croissance a presque été exclusivement le fait d’une forte progression des exportations de produits pharmaceutiques. Après les nets revers subis l’an dernier, le commerce est en hausse avec les pays de l’UE, qui restent pour la Suisse le principal marché d’exportation. Par conséquent, le KOF prévoit un développement hésitant des exportations au second semestre. Il faudra attendre l’an prochain pour observer une large relance des exportations. En ce qui concerne les importations, le KOF prévoit un faible développement. Les importations de biens et de services enregistreront de nouveau une plus forte croissance l’an prochain. Outre le développement positif du secteur des exportations, des importations supplémentaires de biens d’investissement seront ici le facteur déterminant.

La pression persistera sur le franc suisse et la Banque nationale suisse devra encore maintenir un certain temps sa politique monétaire expansive et des taux d’intérêt négatifs pour pouvoir rétablir l’équilibre. Le KOF table sur un taux de change stable vis-à-vis de l’euro (1,10) durant toute la période de prévision. Dans ce contexte, le KOF prévoit une hausse de 1,6% du PIB en 2016, et une progression légèrement supérieure par la suite (1,8% en 2017 et 1,9% en 2018). Le KOF maintient ainsi pratiquement son estimation pour l’année 2017. 

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