Modélisation et prévisions du marché suisse des vins : enjeux et perspectives

Le modèle Panel vector autoregressive model (Panel VAR), appliqué aux données du vin dans la grande distribution en Suisse, donne ses premiers résultats. Il est dès lors intéressant de rappeler quelques concepts théoriques propres à cette approche, issue d’une collaboration entre trois membres du KOF, relative à la modélisation et à la prévision du marché suisse du vin.

Introduction et description des données

L’objectif de cette étude est de modéliser et comprendre les phénomènes économiques sous-jacents au marché suisse des vins. Dans ce but, le KOF propose un article consacré aux chocs économiques ainsi qu’aux prévisions économiques du vin suisse dans la grande distribution. Grâce à une base de données de panel construite à partir des données de l’entreprise Nielsen (spécialisée dans l’étude comportementale des consommateurs), mises à disposition par l’Observatoire suisse du marché des vins (OSMV) dans le cadre de leur collaboration, il est possible d’appliquer le modèle «Panel VAR» (voir Rapports OSMV no. 1 et 5 ; KOF Bulletin No.87).
Ces données concernent les vins suisses AOC pour une période de 4 ans (2012-2015) agrégées par couleurs (rouge, blanc, rosé) et régions viticoles AOC (Valais, Vaud, Suisse alémanique, Genève, Tessin et 3 Lacs) en termes des deux variables principales : la quantité et le prix. Ce panel étant composé de 169 différents types de vin AOC (par exemple « Fendant valaisan » ou « Merlot tessinois »), pour 13 cycles (de 4 semaines) par année, il est ainsi possible d’analyser 52 périodes par type de vin pour un total de 8788 observations.

Les chocs économiques

Les chocs économiques, qui sont exogènes par définition, ne peuvent pas être prédits par un modèle et ainsi leurs impacts peuvent être intégrés dans le modèle «Panel VAR» uniquement à posteriori.
Des exemples de choc de l’offre pourraient être ceux d’une grêle dans une région viticole suisse (Valais), un développement épidémique (Drosophile Suzukii) ou un fongicide défectueux (Moon Privilege). L’impact résultant de ces phénomènes exogènes serait une baisse mécanique des quantités de vin offert sur le marché, accompagnée par une hausse de ses prix.
Du côté des chocs concernant la demande, un premier exemple concerne la fin du taux plancher (1.20 CHF/euro) annoncé le 15 janvier 2015 par la Banque nationale suisse (BNS). Un deuxième exemple, fait référence à un changement de règle d’importation en Suisse (Administration fédérale des douanes). En effet, depuis le 1er juillet 2014, il est possible d’importer 5 litres de vin par personne et par jour en franchise de douane, au lieu de 2 litres. Les conséquences économiques potentielles de ces chocs de la demande pourraient être une hausse de la concurrence pour les vins suisses qui deviennent relativement plus chers, par rapport aux vins étrangers importés.

Modèle «Panel VAR» et résultats préliminaires
Ce modèle économétrique permet d’intégrer trois approches afin de modéliser et faire des prévisions des quantités et des prix sur le marché suisse des vins (cf. Rapport OSMV no. 1) :
- L’analyse technique des données du passé (2012-2015)
- Les facteurs d’influence pour la modélisation et la prévision, tels que des indicateurs macroéconomiques, des facteurs climatiques et des données agricoles (vendanges).
- Les chocs exogènes de l’offre et de la demande.
Sur la base d’analyses préliminaires effectuées avec le modèle «Panel VAR», l’impact d’un choc de l’offre et de la demande sur la quantité et le prix a pu être mesuré. Les résultats sont présentés sous forme de ligne et l'intervalle de confiance de 95% est représenté en couleur dégradée (cf. G 1).

Grâce à une impulsion théorique donnée au système, il est possible d'analyser les réactions des quantités et des prix, à un choc d’offre ou de demande. Les deux types de chocs peuvent être distingués en imposant des restrictions de signes : lorsque quantité et prix évoluent dans la même direction (++ ou −−), un choc de demande en est identifié, alors que s’ils évoluent dans des directions opposées (+− ou −+), il s’agit d’un choc d’offre.

En cas de choc positif de l’offre (G 1 : Supply), la quantité de vins augmente d’environ 7% par rapport à la ligne de référence tandis que le prix diminue d’environ 3%. Lorsque les quantités retournent à l’équilibre (après 5 mois), le prix en est encore affecté (-1.5%). En cas de choc positif de la demande (G 1 : Demand), la quantité dévie de 6% à la hausse par rapport à la référence alors que le prix augmente d’environ 3.5%. L’équilibre de la quantité est retrouvé après 5 mois, l’effet sur les prix se fait encore sentir et semble plus persistant.

Le graphique G 2 montre la fraction de l’erreur de prédiction expliquée par chaque choc, respectivement d’offre et de demande, sur les deux variables principales : la quantité (gauche) et le prix (droite).
De manière générale, la quantité de vin semble être plus influencée par des chocs lié à l’offre tandis que le prix du vin reste plus équilibré entre les deux types de chocs. Sur la durée, c’est-à-dire après 5 mois à partir de l’impulsion simulée d’un choc, la demande semble prendre plus d’importance dans l’interprétation de la variance expliquée pour respectivement la quantité et le prix.

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